Alors que partout on parle de caisses vides et de rigueur
budgétaire, l'argent ne semble pas manquer pour créer de nouveaux
Parcs Naturels Régionaux !
De nombreux projets cheminent, comme par exemple dans l'Argonne,
les Ardennes, les Côtes d'Armor, la Margeride, le Gard... Dans le
cas présent, c'est le projet de PNR de l'Aubrac qui semble prendre
forme après...
Un consensus "extra-large", malgré le contexte économique difficile
On sait pourtant que toutes les collectivités territoriales et administrations doivent se serrer la ceinture - ce que nombre de Français font déjà... - et que les subventions européennes vont s'amoindrir.
Malgré cela, des millions d'euros seront trouvés pour financer une nouvelle couche, qui viendra se superposer au mille-feuilles administratif et territorial déjà existant.
Le budget annuel d'un PNR dépasse souvent les 2 millions d'euros. Nombre de ses missions "doublonnent" avec celles d'autres organismes déjà en place. Ici ou là, la gestion hasardeuse des deniers publics vaut à certains PNR de se faire épingler - pour ne pas dire éreinter - par les fins limiers de la Cour des Comptes.
Paradoxe : alors que personne ne peut dire avec certitude de quoi sera fait demain, on observe un coup d'accélérateur donné à ces créations de PNR.
La réforme territoriale qui arrive à grands pas, avec la suppression des départements en ligne de mire, et le remplacement des conseillers généraux et régionaux par des conseillers territoriaux, n'y est peut-être pas étrangère .
La présidence socialiste de la majorité des régions non plus. On sait en effet que les Verts, alliés politiques du PS, sont friands de Parcs en tout genre... De là à y voir des échanges de bons procédés en vue des prochaines élections (2012, c'est demain), il n'y a qu'un pas...
En tout cas, Martin Malvy met le pied au plancher. Le président de la région Midi-Pyrénées a souhaité que "toutes les collectivités impliquées (...) prennent une délibération pour adhérer à l'association d'émergence (...) d'ici le 30 septembre". Les conseils municipaux sont donc priés de délibérer au pas de charge, au retour des congés estivaux. Nous invitons bien entendu les administrés à y assister.
"Les deux tiers du département de l'Aveyron couverts par un PNR"
se réjouit Jean-Claude Luche, président du conseil général de l'Aveyron (propos rapportés par la Dépêche). L'Aveyron accueille déjà le PNR des Grands Causses (97 communes, 315 640 ha, 68 000 habitants, 2,9 millions d'euros de budget en 2006).
Le PNR de l'Aubrac devrait lui être composé de pas moins de 41 communes aveyronnaises, 12 dans le Cantal, et 48 en Lozère.
Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil... au début
Les premières années d'existence d'un PNR se déroulent généralement bien. Les contraintes ou restrictions n'apparaissent que progressivement, avec la montée en puissance du Parc. Jusqu'au jour où vous lisez dans la charte que "les loisirs motorisés sont incompatibles avec les objectifs du Parc" ou encore qu'elle fixe pour objectif que "100 % des chemins ruraux non revêtus devront être fermés aux véhicules à moteur"...
Le Codever n'exprime donc pas une opposition de principe. C'est au contraire notre expérience qui nous a enseigné qu'avec l'avènement d'un PNR augmentent très souvent les difficultés pour circuler sur les chemins, pour maintenir ouverts des terrains et pour organiser des randos et des épreuves sportives.
Des contraintes supplémentaires pèseront aussi, tôt ou tard, d'une manière ou d'une autre, sur le développement de l'économie locale, et notamment sur les entreprises, l'artisanat, l'agriculture et l'exploitation forestière.
Les populations locales en tireront-elles finalement un avantage ? Rien n'est moins sûr. Le bilan général des PNR, lorsqu'on y regarde de plus près, ne nous a jamais convaincu.
Il appartient donc maintenant aux contribuables et pratiquants concernés de décider s'ils soutiendront ou non ce projet, qui, malgré le volontarisme affiché, demandera encore énormément d'argent et d'énergie pour espérer aboutir un jour.
En tout cas, nous leur recommandons de ne surtout pas rester des contemplateurs béats de la démarche, qui n'est ni innocente politiquement, ni gratuite fiscalement parlant !
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