Depuis quelques jours, les médias français et étrangers
reprennent en chœur une brève du magazine britannique New
Scientist. L’article fait référence à une étude portant sur le
comportement des automobilistes néozélandais[1].
Or, cette étude scientifique ne conclut aucunement à un
comportement plus dangereux des conducteurs de 4x4.
Elle affirme simplement que l’observation de la position des
mains sur le volant est une mesure fiable pour estimer
le...
Depuis quelques jours, les médias français et étrangers reprennent en chœur une brève du magazine britannique New Scientist. L’article fait référence à une étude portant sur le comportement des automobilistes néozélandais[1].
Or, cette étude scientifique ne conclut aucunement à un comportement plus dangereux des conducteurs de 4x4.
Elle affirme simplement que l’observation de la position des mains sur le volant est une mesure fiable pour estimer le sentiment de sécurité perçu par le conducteur
[2]. C’était d’ailleurs ce que les chercheurs voulaient démontrer. Ces derniers précisent également que la position des mains dépend de la sensation de sécurité procurée par le véhicule. Mais pas seulement : style de conduite, habitudes, fatigue des bras, vitesse, complexité de l’environnement routier sont présentés comme des paramètres tout aussi essentiels.
Les résultats montrent que, de manière générale, la moitié des conducteurs pose une seule main sur la moitié supérieure du volant[3]. On notera que « zéro main sur la partie supérieure du volant » ne signifie pas « zéro main sur le volant » !
Certes, 49 des conducteurs de SUV[4] posent une seule main sur la moitié supérieure du volant contre 42,4 pour les conducteurs de non-SUV[5]. Mais cela donne un écart de 16 . Pas 55 ,comme annoncé partout. Et le nombre moyen de mains posées est de 0,97 pour les SUV contre 1,07 pour les non-SUV, soit une différence de 10 seulement.
Enfin, il parait évident qu’une étude comportementale ne peut pas « s’exporter ».Le comportement des conducteurs dépend largement du pays lui-même : mode de vie, éducation, qualité de la formation à la conduite, niveau de répression de la délinquance routière, etc. D’autant plus que la Nouvelle-Zélande diffère énormément de la France, comme peut nous l’apprendre n’importe quelle encyclopédie[6].
D’ailleurs, l’Opus Central Laboratories précise, à propos des recherches comportementales qu’il mène : « Il n'y a aucune application simple d'un modèle de recherche étranger au contexte de la Nouvelle-Zélande »[7] . Dans ce cas, l’inverse est surement vrai !
Une fois de plus, une étude sérieuse a été détournée à seule fin de stigmatiser les propriétaires de 4x4. Cette propagande outrancière doit faire vendre… Sinon, pourquoi vouloir à ce point dresser les conducteurs les uns contre les autres ?
Le Bureau National
[1] Hands-On : A practical Measure of the Perceived Risk of the Driving Context par JA. Thomas et D. Walton, Opus Central Laboratories.
[2] Lire les « Conclusions », page 10
[3] Voir figure 2, page 5
[4] SUV : Sport Utility Vehicle, 4x4 sur plateforme de break, à vocation routière.
[5] Voir le tableau 4, page 7
[6] Superficie de la NZ : 270 000 km² (France : 544 000). Densité de population : 15 h/km² (112) ; 2,3 millions de véhicules en circulation (36 millions en France). Réseau routier : 93 000 km (170 km d’autoroutes) dont 34 000 ne sont pas goudronnés (source : World Fact Book 2006), contre 974 000 km en France (dont 9000 km d’autoroutes). On ajoute que les 4x4 employés dans ce pays sont, majoritairement, des utilitaires équipés d’une boite de vitesses automatique, qui induisent une conduite plus relâchée. Seulement 387 décès sur la route en 2006 (source Land Transport NZ)
[7] Revue « Momentum », sept-oct 2006.
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