L’Europe prépare le contrôle technique
ANNUEL pour tous
C’est l’Union des Usagers de la Route (UUR), dont est
membre le CODEVER, qui vient de lancer l’alerte : la Commission
Européenne présente un projet de contrôle technique unifié.
Les deux principales nouveautés :
- les voitures de plus de 6 ans seraient
contrôlées...
Pour la sécurité ou pour le marché ?
Selon la porte-parole de la commission, Pia Ahrenkilde Hansen, « Cinq décès par jour sur les routes sont liés à des problèmes techniques ». En France, les médias ont repris en chœur cette phrase choc du communiqué AFP. Mais qui a pu consulter l’étude – s’il y en a une ? – à l’origine de ce chiffre ?
On est en effet en droit de s’interroger sur les motivations de la commission européenne quand on sait qu’une telle mesure générerait de fait un marché qui se chiffre en milliards d’euros !
Automobilistes, vaches à lait ?
C’est la question que posent les fédérations d’usagers un peu partout en Europe face à ce durcissement. En ces temps de crise, il serait étonnant que les conducteurs français voient d’un bon œil de doubler leurs dépenses en visites de contrôle. 60 à 80 €, ce n’est pas rien dans le budget annuel d’un ménage, pour une utilité discutable. Le Conseil Général des Ponts et Chaussée (CGPC) reconnaissait dans son rapport de mai 2007 « Une faible corrélation entre l'état du parc [automobile] et l'accidentologie ». Comme le dit la FFMC : « Ce ne sont pas les véhicules qui font les accidents, mais les comportements ». Et d’ajouter : « et les infrastructures : état des routes, aménagements dangereux… pour lesquelles les pouvoirs publics s’empressent bien moins d’agir ! ».
Motos : Le CT moto n’améliorera pas la sécurité routière
Hé oui ! Et ce sont des gens très sérieux qui le disent.
D’abord, selon l'étude européenne MAIDS, seule étude d’importance et récente sur l'accidentologie moto en Europe, seuls 0,7% des accidents sont liés à un élément technique. Notez qu’un accident causé par un pneu qui éclate après avoir roulé sur un clou est comptabilisé dans cette catégorie…
Ensuite, le très sérieux rapport Guyot, autre rapport cette fois commandé par les pouvoirs publics et censé les inspirer en matière de sécurité routière des 2RM, affirme en toutes lettres que « ce n’est pas le contrôle technique qui fera sensiblement baisser le débridage ».
Enfin, le Conseil Général des Ponts et Chaussée (CGPC) avait lui écrit dans son rapport que « le lien de causalité entre accidentologie et état du parc [n’est pas] clairement établi ». Il précisait même quelques pages plus loin : « ...comme pour les véhicules automobiles, le lien de causalité avec l'accidentologie est difficile à établir ».
L’Europe à la rescousse de la France
L’Europe vient donc ici au secours des pouvoirs publics français, qui sont confrontés ces dernières années à une forte opposition des motards (et d’une bonne partie des fédérations et des professionnels).
Les nombreuses manifestations et pétitions retardent depuis 2007 la création du CT moto. La France a donc voulu commencer « doucement » en contrôlant seulement les cyclomoteurs. D’abord annoncé pour 2011, puis pour 2012, on l’attend encore. La raison est simple : sa mise en place réclame des investissements lourds dans du matériel spécifique. Les grands réseaux de CT Auto, grands promoteurs du CT « 2 roues motorisés » (2RM), ont donc fait passer le message à l’Etat : contrôler cyclos et motos, c’est oui ; contrôler seulement les cyclos, c’est non, car ça ne sera pas rentable.
Quid des véhicules « tout-terrain » ?
Bien entendu, 4x4 et motos homologués (trails, enduros, trials…) sont concernés. Pour le moment, on ne sait dire si les quads feront partie du lot.
L’inutilité du CT pour les véhicules « tout-terrain » est encore plus criante. Conçus pour s’aventurer hors du goudron et circuler sur les chemins, les 4x4 et les motos type « enduro », « trail » ou « trial » sont de conception très robuste et n’encaissent que des kilométrages annuels réduits. L’utilisation tout-terrain étant usante par nature, il suffit parfois d’une centaine de kilomètres dans la boue ou le sable pour détruire un jeu de plaquettes de frein. Un entretien très suivi s’impose donc naturellement.
Ainsi chez les motards, une réfection quasi-totale de la machine n’est pas rare en cas d’usage intensif, par exemple chez les compétiteurs enduro (en compétition, le contrôle technique visuel avant départ est organisé et systématique). Idem chez les 4x4treux, qui inspectent après chaque sortie les organes les plus sollicités : liaisons au sol, transmissions, freins, pneus…
Le contrôle technique périodique n’aura donc aucun intérêt pour la sécurité, à moins d’être réalisé... après chaque utilisation du véhicule ! Il concerne pourtant plusieurs dizaines de milliers de conducteurs, dont les adhérents du CODEVER…
Comme pour la moto de route, un contrôle visuel systématique avant chaque sortie reste la meilleure garantie pour le conducteur, à qui il ne viendrait pas à l’idée de risquer sa vie sur une épave...
Enfin, il faut rappeler qu’il est impossible de passer sur un banc à rouleaux une machine équipée de pneus à crampons, quand bien même ils seraient homologués pour un usage routier !
Conclusion : que vous soyez automobiliste ou motocycliste, vous êtes concerné par ce projet de contrôle technique unifié. L’UUR vous donne rendez-vous à la rentrée pour plus de nouvelles et des mobilisations dans toute l'Europe.
Pour plus d'informations :
Site web de l’UUR
Communiqué de presse de la FFMC (19/7/2012)
Lien de téléchargement du rapport du CGPC
Précédents articles sur codever.fr :
Pétition contre le Contrôle Technique des 2 roues à moteur (27/04/2011)
Contre le Contrôle Technique des 2 roues à moteur, la mobilisation ne faiblit pas (29/10/2010)
Manifestations le 23 octobre 2010 : non au Contrôle Technique cyclos et motos ! (18/10/2010)
La Commission Européenne lance une consultation publique sur le contrôle technique (14/09/2010)
Contrôle technique moto : partie remise ? (29/02/2008)
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